Qu'est-ce que l’éducation à l'environnement ?
Pour FRENE, l’Éducation à l’Environnement est une éducation populaire, laïque et émancipatrice qui s’appuie sur la rencontre du vivant et l’action immédiate. Cette éducation participe à la conscience de notre propre place en tant qu’être humain dans la nature et dans le monde.
Mais l’éducation à l’environnement, tout comme la nature, est un ensemble d’écosystèmes différents en constante évolution : autant dans les valeurs que dans les pratiques pédagogiques.
Dans un esprit d’ouverture et d’adaptation aux changements écologiques, sociaux et économiques, les éducateurs à l’environnement, organisés en réseaux et associations, s’inscrivent dans une analyse critique et un questionnement permanents des valeurs qu’ils portent.
Éduquer à l’environnement n’est pas une mission anodine. C’est un acte engageant par lequel l’éducateur invite les personnes qu’il côtoie à être dans la nature, dans leur environnement rural ou urbain, à s’y frotter et s’y confronter… à vivre cet environnement dans sa complexité, à le toucher, le sentir, le parcourir, l’imaginer, l’expérimenter, le penser et le réfléchir, le construire, le modifier ou le conserver… L’éducateur à l’environnement, avant d’être un porteur de projets, est un porteur de valeurs qu’il partage, ou non, avec ses pairs ou qu’il confronte à d’autres systèmes de valeurs.
Sur une échelle graduée de situations pédagogiques, sensibiliser, c’est plus engageant qu’informer, mais c’est moins qu’éduquer ou former. Faut-il cependant à ce point hiérarchiser, voire opposer ces actions de mise en relation ? Sachant que toutes nécessitent le recours à des démarches éducatives et des méthodes pédagogiques, ne faut-il pas mieux les conjuguer, en les adaptant aux objectifs, aux contextes et aux personnes?
Rendre sensible : Sensibiliser, c’est rendre sensible à, c’est faire réagir à. Et, être sensible, c’est percevoir par les sens, c’est développer une sensibilité à, c’est aussi éprouver des sensations et c’est donc réagir à la présence d’un élément ou d’une personne et briser l’indifférence.
Accompagner la construction : Éduquer c’est accompagner la construction, la progression et l’émancipation des personnes. C’est permettre à quelqu’un d’accéder à sa propre pensée critique, d’agir et de participer à la gestion et à la construction de la société dans laquelle il s’insère et évolue.
Acquérir pour réinvestir : Par la formation, on cherche à acquérir puis à réinvestir des contenus, des pratiques, des techniques, des théories, des processus… La formation est cependant plus qu’un rapport au savoir (ou au savoir faire technique), elle est rapport au monde, elle est une construction de l’être-au-monde.
Interroger son éthique c’est, entre autres, positionner ses pratiques éducatives. Interroger ses pratiques au regard de son éthique, c’est chercher la cohérence entre le dire et le faire, entre ce qu’on pense, ce en quoi on croit et ce qu’on fait vivre aux participants à travers les actions éducatives.
S’interroger de la sorte, c’est aussi mieux cerner la réalité quotidienne, c’est mieux réagir lorsqu’on est confronté à un autre système de valeurs.
L’éthique au quotidien des actions d’éducation à l’environnement, c’est une réflexion sur les comportements pour une société humaine vivable et comme recherche d’idéal de société et de conduite de l’existence. L’éthique appliquée à la question écologique cherche à « avoir le souci de, à prendre soin de» (Zarifian, 2008).
Il est désormais avéré que si les connaissances sont nécessaires, elles ne sont pas suffisantes pour permettre aux individus de se sentir responsables et de modifier leurs modes de vie. Devant l’urgence d’agir pour la planète, de plus en plus de pratiques s’orientent vers l’éducation pour l’environnement, celle qui favorise une démarche menant de la réflexion aux changements de comportements. Changement demandé ou changement décidé. Dans une perspective positiviste, le changement de comportement est demandé par des discours d’experts.
Dans le cadre d’une éducation pour l’environnement considérée dans le courant de la critique sociale, le changement de comportement est décidé par des personnes qui se sont approprié une problématique et qui s’engagent ensuite dans un processus collectif de propositions.Du pourquoi au comment. Changer de comportement pour réduire les déchets, pour économiser l’énergie, pour préserver la ressource en eau, pour protéger la biodiversité, etc. La question du pourquoi ne se pose même plus.
Source : Réseau École et Nature, Guide pratique d’éducation à l’environnement : entre humanisme et écologie, Gap, Éditions Yves Michel, 2010, 259 p.