Thème des rencontres nationales des acteurs de l’éducation à la nature et à l’environnement – 26 au 30 août 2023 en Corrèze
Sobriété et alternatives
Quelle éducation à la nature et à l’environnement et quelles luttes pour d’autres avenirs ?
D’autres avenirs sont possibles
Il nous semble évident que notre société du « Capitalocène »1 va dans le mur. En 1970, le jour du dépassement2 était le 29 décembre. 30 ans plus tard, en 2020 c’était le 23 septembre et en 2022, le 28 juillet. Nous pensons que si la technologie peut apporter des solutions, elle ne sera pas LA solution. Au contraire, les progrès techniques vont souvent contre un monde plus responsable écologiquement, en témoigne la croissance exponentielle de la consommation mondiale d’énergie. Nous ne souhaitons pas des effondrements généralisés qui renverraient la société vers des îlots résilients individualisés, de survivalistes vivants en autarcie.
Ainsi entre temps long de l’éducation et urgences de l’action, un autre avenir est possible, mais lequel voulons nous ?
Régénérer le lien à la nature et au vivant
La déconnexion du vivant est un des grands maux de la société actuelle. Il est nécessaire et urgent de tisser un lien plus profond avec le monde naturel, qui n’est autre que notre monde. Cette vision d’une société en lien avec la nature est une joie pour nous, tant nous nous rendons compte au quotidien des bienfaits d’un contact régulier et conscient avec cette nature à laquelle nous appartenons toutes et tous.
A contre-courant d’une société qui nous pousse à consommer toujours plus, nous cherchons de nouvelles formes d’éducation à la sobriété. Pour nous une sobriété ne veut pas forcément dire un retour en arrière, ou renoncer à des plaisirs. Cela suggère de vivre mieux, dans un rythme mieux pensé et des relations plus justes avec les autres et avec la nature.
Une lutte environnementale, sociale et politique
La société pousse les enjeux environnementaux vers la responsabilité individuelle. Or, les études montrent que seulement un quart des réductions d’émissions des énergies fossiles nécessaire pour atteindre les objectifs de la COP 21 peuvent venir des comportements individuels3. Si la sensibilisation de chacun et les gestes du quotidien sont importants, ils ne doivent pas cacher l’urgence des décisions collectives qui doivent être prises par l’action politique.
D’autre part, alors que l’on demande de plus en plus aux foyers aux revenus les plus modestes, il est acquis que ce sont eux qui impactent le moins notre environnement4. Nous constatons aujourd’hui avec précision les inégalités environnementales : accès aux ressources, expositions aux nuisances, inégal accès aux prises de décision, etc.5
En parallèle, les actions citoyennes et militantes directes qui luttent contre ces inégalités sont caricaturées par les décideurs politiques et les médias : « Kmers verts », « Terrorisme écologique »… comme si la seule action politique citoyenne possible se trouvait dans le cadre normé de l’élection de nos représentants. Les bonnes idées comme la Convention Citoyenne pour le Climat sont ensuite réduites à néant et décrédibilisées par une mise en œuvre sans conviction réelle qui les rendent stériles, voire contre productives et contribuent à la crise politique.
Trouver des réponses collectives
Pour résoudre les défis du XXIème siècle il est dépassé d’attendre une personne providentielle. La complexité des problèmes, leur inter-disciplinarités et interdépendances oblige à ne pas trouver LA solution, mais une multitude. La responsabilité, les ressources et donc les solutions doivent être adaptées à des territoires et portées par des collectifs.
Ici et là, naissent déjà des alternatives. Souvent en marge de la société dominante, des communautés inventent des systèmes politiques, éducatifs, alimentaires innovants. Les systèmes en place les voient d’un œil inquiet, redoutant ces initiatives autonomes et empêchant souvent ces nouveaux modes de vies de s’épanouir et d’essaimer.
Nourrissons-nous de leurs témoignages et expériences dans nos pratiques éducatives. Allons chercher dans leurs organisations les clefs qui pourront nous aider collectivement à construire le monde de demain : juste, écologique et démocratique.
Le FRENE réunit donc ses adhérents, alliés et partenaires cinq jours, du 26 au 30 août 2023 en Corrèze. Pour partager entre acteurs de l’éducation à la nature et à l’environnement et construire l’avenir car il est grand temps de rallumer les étoiles !
1 Capitalocène : (Néologisme) (Géologie) Terme utilisé par certains scientifiques pour désigner l’ère géologique actuelle, débutant avec le développement du système capitaliste, qui serait marquée par l’influence sur la biosphère et le climat des hommes pris dans un certain mode de production. (wiktionnaire)
2 Jour du dépassement : Le jour du dépassement, ou jour du dépassement de la Terre (en anglais : Earth Overshoot Day ou EOD) correspond à la date de l’année, calculée par l’ONG américaine Global Footprint Network, à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources renouvelables que la planète est capable de produire en un an pour régénérer ces consommations ou absorber les déchets produits, dont le CO2. Passée cette date, l’humanité puiserait donc de manière irréversible dans les réserves « non renouvelables » (à échelle de temps humaine) de la Terre et accumulerait les déchets. (wikipédia)
3 «Faire sa part ? », Cabinet de conseil Carbone 4, César Dugast, Alexia Soyeux, Juin 2019 – https://www.carbone4.com/publication-faire-sa-part
4 Combattre les inégalités des émissions de CO2, Oxfam International, Septembre 2020 https://www.oxfamfrance.org/climat-et-energie/combattre-les-inegalites-des-emissions-de-co2/
5 Les inégalités environnementales, édition Puf – Catherine Larrère, philosophe, professeure émérite à l’université Paris Panthéon-Sorbonne : les inégalités environnementales